Dans le cadre du Programme court de troisième cycle en pédagogie universitaire et environnement numérique d'apprentissage (PCPUN), ce blogue se veut un blogue réflexif sur les paradigmes en éducation et les technologies.
vendredi 5 janvier 2018
Billet 5 - Les défis et enjeux de l’évaluation en formation à distance dans les environnements numériques d’apprentissage
En prenant connaissance de la vidéo de Stockless (2016) et
en effectuant la lecture de Nizet, Leroux et al. (2016), force est de constater que peu importe le support par
lequel l’évaluation est diffusée, cela ne change pas l’objet en soit ou l’acte
d’évaluer. Que l’on ait accès à un environnement d’apprentissage ou pas, l’étudiant
remet majoritairement une production par le biais d’un document papier ou
électronique afin de permettre à l’enseignant de recueillir de l’information dans
le cas de Travaux écrits (Nizet, Leroux et al. 2016).
Lorsqu’une évaluation est de type Démonstration de compétences (Nizet, Leroux et al. 2016), la méthode d’évaluation adoptée (simulation, analyse de
cas, production complexe…) peut tout aussi bien s’effectuer à distance ou en
présence. Il en demeure pas moins qu’elle respectera les 6 caractéristiques selon
Scallon (2004) énoncées dans la vidéo de Stockless (2016), soit la présentation
d’un problème à résoudre à partir d’une situation
authentique qui demande
des ressources internes et externes à mobiliser. Le tout se déroulera selon une durée définie et sollicitera
l’autonomie de l’étudiant. Le résultat attendu sera une production concrète.
Ainsi donc, pour moi à partir de ces constats, les défis et
les enjeux résident surtout dans la quantité et la qualité d’une évaluation,
ainsi que dans la supervision d’une évaluation à distance. Pour ce blogue, je
me contenterai d’exposer mon point de vue sur la quantité et la qualité.
La quantité et
la qualité
Encore une fois, je me permets de comparer la formation à
distance telle que je l’ai vécue au collégial avec celle au niveau
universitaire.
Au niveau collégial, nous fonctionnions avec une approche
par compétences. La cible finale était d’abord établie, ensuite, nous
formulions la tâche finale à accomplir qui allait faire foi de l’atteinte de la
compétence, puis nous développions les sous-compétences et les évaluations
formatives et sommatives qui permettaient à l’étudiant d’évaluer sa progression
au fur et à mesure de sa démarche, d’autoréguler ses apprentissages (Nizet, Leroux et al. 2016). Au fur et à mesure que de nouveaux concepts étaient
définis, il y avait des activités formatives et chacun des modules se terminait
par une autoévaluation qui simulait un devoir. Cela permettait à l’étudiant de
se « pratiquer », de se situer par rapport à la tâche qui lui serait
demandée dans le devoir et ainsi de suite jusqu’à l’évaluation finale.
Au niveau universitaire, je n’ai pas eu la chance encore
d’observer la structure d’une telle démarche. Certes, plusieurs enseignants offrant
des cours hybrides ou à distance présentent des études de cas, des exercices à
résoudre, mais je ne sens pas ce fil conducteur que l’approche par compétences induit.
Ce peut-il que je n’ai simplement pas eu encore accès à suffisamment de cours
ou encore à l’explicitation de la démarche proposée par les enseignants. Ou
encore que j’ai eu accès à simplement des cours présentant les connaissances
disciplinaires et non au cours professionnalisant (Nizet, Leroux et al. 2016) ? Je crois que cette question mérite toute mon attention
dans les prochains mois de manière à comprendre ce qui est proposé aux
étudiants et à évaluer dans quelle mesure cela est suffisant lorsque nous
transposons un cours en présentiel vers un cours à distance.
Peu importe que ce soit au niveau collégial ou au niveau
universitaire, la quantité d’évaluations proposées, qu’elle adopte l’une des
trois fonctions, définie par Nizet, Leroux et al. (2016), soit diagnostique, formative ou sommative ou encore que
la modalité soit synchrone ou asynchrone (Scallon (2000) dans Nizet, Leroux et al. 2016), il faut qu’elle soit pertinente. Il est important d’en
présenter suffisamment pour que l’étudiant puisse régulièrement évaluer sa
progression et ainsi faire la régulation de ses apprentissages (Scallon (2000) dans Nizet, Leroux et al. 2016).
Références
mercredi 3 janvier 2018
Billet 3 - Les théories de l’apprentissage et leur utilisation dans le design et la conception pédagogique d’un cours à distance
Dans la perspective de mon emploi, soit dans
le cadre du rôle de conseillère pédagogique en formation à distance en
enseignement supérieur, je pense qu'Ertmer and
Newby (1993) résument bien la situation : les
théories de l’apprentissage sont source de stratégies, de tactiques et de
techniques pédagogiques vérifiées; elles fournissent des fondations pour
sélectionner les stratégies à mettre en place; elles permettent l’intégration
des stratégies sélectionnées dans un contexte pédagogique qui revêt toute son
importance.
Ainsi, dans le cadre de la planification, de
la conception, du développement et de l’implantation d’un cours à distance, la
structure d’un cours doit être réfléchie. Tout doit être prévu et chacune des
stratégies est mise en place pour des raisons bien précises. Ces stratégies
sont choisies pour présenter des concepts, offrir des activités qui permettent
l’intégration des concepts, fournir de l’aide, fournir de la rétroaction ou
encore diriger les étudiants vers des ressources complémentaires ou leur
permettant d’aller plus loin.
Par conséquent, je crois que selon les
différents temps dans l’enseignement et l’apprentissage en ligne, chacune des
théories d’apprentissage est sollicitées afin d’optimiser l’expérience de
l’étudiant.
Le cognitivisme
Le cognitivisme peut se traduit par
l’acquisition des connaissances tout au long de la démarche d’apprentissage en
ligne. Dans le design pédagogique, avec les enseignants, c’est là où je les
aide à définir les connaissances préalables des étudiants, à établir les
objectifs qu’ils doivent atteindre à la fin d’une leçon ou encore à inventorier
les connaissances auxquelles ils feront appel. Ensuite, nous discutons des stratégies
qui doivent être mises en place pour faire le lien entre les connaissances
antérieures et les nouvelles. Ici, dans le design pédagogique selon le cognitivisme,
le focus, sera mis sur comment l’étudiant reçoit, organise, enregistre et
réutilise l’information qu’il acquiert (Ertmer and
Newby 1993). Bien que l’étudiant soit actif à cette
étape, l’enseignant sera davantage en position de transmission de connaissances.
Il verra donc à sélectionner des activités et des médias qui permettent de
présenter les concepts à l’aide d’explications, de démonstrations et d’exemples
simples par le biais de vidéo et de lecture. Il amènera ensuite l’étudiant à
réaliser des exercices qui leur permettent de réorganiser leurs connaissances,
soit entre autres, par des schémas, des cartes conceptuelles ou encore par la
résolution de tâches simples.
Le
constructivisme
Quant à la théorie du constructivisme, je m’appuie
sur elle lorsque j’amène les enseignants à déterminer des activités qui feront
appel à d’autres niveaux taxonomiques comme l’application, l’évaluation et l’analyse.
Dans ce cadre-là, il y a alors un changement de posture. Dans son design
pédagogique, j’amène l’enseignant à penser davantage en termes d’apprentissage
plutôt qu’en termes d’enseignement (Tardif 1998) et à formuler les objectifs en ce sens. C’est
l’étudiant qui fait l’action, il est seul à la maison et il doit construire sa
connaissance. À ce moment, l’enseignant détermine le type d’activités qu’il
souhaite proposer à l’étudiant : une tâche à réaliser, un problème à
résoudre, une activité collaborative…
Le connectivisme
Pour moi, la théorie du connectivisme vient
appuyer et enrichir la démarche que peut proposer l’enseignant à l’étudiant.
Comme le dit si bien Siemens
(2014), l’étudiant a la connaissance au bout des
doigts, il peut y accéder d’un simple clic. Lors de l’accompagnement de l’enseignant
dans le design pédagogique d’un cours à distance, je lui amène alors à voir les
différentes possibilités : créer une nouvelle ressource médiatique ou
utiliser celles déjà existantes sur le web ?, tout réécrire les contenus ou
rediriger l’étudiant vers une ressource pertinente sur le web ?, obtenir une
réponse exacte ou laisser l’étudiant évaluer la crédibilité d’une source, l’analyser
et se l’approprier ?
Le
behaviorisme
Enfin, la théorie du behaviorisme va venir
appuyer l’enseignant dans la conception de son matériel lorsqu’il doit donner
de la rétroaction à l’étudiant. À ce moment-là, je guide l’enseignant pour qu’il
anticipe les pièges qui sont normalement vécus en classe. Comment les prévoir
et assurer un soutien à l’étudiant dans son parcours à distance ? Comment l’encourager ?
Répondre à ses questions ? Lui
fournir suffisamment de rétroaction pour qu’il puisse analyser les réponses qu’il
fournit à des questions et lui permettre de savoir qu’il a atteint l’objectif
ciblé au départ ? J’amène alors les enseignants à utiliser un langage parlé
pour créer un lien avec l’étudiant dans son matériel, lien qui revêt toute son
important en formation à distance.
Voilà ce qui résume mon utilisation des
théories de l’apprentissage dans le design et la conception d’un cours à
distance. Je ne crois pas que nous pouvons nous appuyer sur une seule. Toutes
sont en interrelations selon les différents temps de l’apprentissage et a tout son importance en formation à distance.
Références
Ertmer, P. A. and T. J. Newby
(1993). "Behaviorism, cognitivism, constructivism: Comparing critical
features from an instructional design perspective." Performance
improvement quarterly 6(4):
50-72.
Siemens, G. (2014).
"Connectivism: A learning theory for the digital age."
Tardif, J.
(1998). "La construction des connaissances. Les pratiques
pédagogiques." Pédagogie collégiale 11(3): 4-9.
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